Il semble qu’il y ait peu de traces, peu de
mémoire des colonies de vacances et des centres
aérés, ou centres de vacances et de loisirs, ou
encore Accueil Collectif de Mineurs d’aujourd’hui.
Hormis une mémoire collective, familiale souvent,
très affective, car les colos - et tout le monde les appelle
encore colos aujourd’hui - sont au cœur des
souvenirs d’enfance.
Il y a aussi une mémoire "politique", une revendication
peut-être trop silencieuse des organisateurs de ces
mêmes colos. Une fierté d’avoir, depuis
plus d’un siècle, contribué
à l’éducation de millions et de
millions d’enfants et de jeunes. La conscience d’un
acte politique majeur, d’une revendication et d’une
conquête sociale extrêmement importante.
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Colonie de vacances de la ville de Lille
Wormhout (59) - Edition J. Verfaillie |
Il y a eu pendant longtemps une mémoire "patrimoniale", tant
partir en colo, ou participer aux centres aérés
faisaient partie de la vie "normale" d’un enfant des
années 50, 60, 70, jusque vers 1980. Mais, à part
quelques travaux d’historiens et de chercheurs en sciences de
l’éducation, il y a très peu de textes
ou d’écrits qui retracent
l’évolution des colos, ou leur histoire
(à part les publications et les revues des mouvements
éducatifs).
Par contre, et de façon tout à la fois
surprenante et évidente, il semblerait y avoir une mine
documentaire iconographique. Des photos, y compris des temps originels
des colonies de vacances, et des films, dès que le support
s’est démocratisé ou a
été utilisé comme moyen de diffusion
culturelle par les municipalités, les syndicats et tous les
mouvements d’éducation populaire.
Et ces documents, au-delà du rapport affectif que chaque
protagoniste des ACM d’aujourd’hui (et
d’hier !) ne peut nier, du charme du sépia, de la
nostalgie des grands rassemblements d’enfants dans des
bâtiments immenses, sont d’un apport documentaire
fondamental !
On y voit des structures, des bâtiments, des organisations
qui sont assez faciles à interpréter encore
aujourd’hui en intentions éducatives. Les
implantations n’étaient jamais gratuites, et si
l’aspect hygiéniste conduisait à
construire en bord de mer et en montagne, il fallait, il faut
déjà y voir une intention forte
d’ouverture d’activités inconnues
offertes aux jeunes citadins, et aux "enfants du peuple".
On y voit également des groupes d’enfants, de
tailles différentes (les groupes !), on y
décèle l'arrivée rapide de la
mixité, on y devine l’évolution de
l’encadrement.
Et tant de choses qui ne pourront que ravir tout à la fois
l’animateur d’aujourd’hui,
l’organisateur, le chercheur, le sociologue.
Et celui qui pense et continue de penser que les structures collectives
de vacances sont des lieux irremplaçables
d’éducation, qui n’existent pas
seulement en complément de l’école
publique mais en tant qu’entité
éducative propre. Puissent ces photos, ces films,
tous ces documents qui font vivre l’esprit des colonies de
vacances, synthétiser la vie collective et le vivre
ensemble, creusets des sociétés futures.